A la sortie de l'aéroport, j'ai été happée,

1 décembre 2009

A la sortie de l'aéroport, j'ai été happée,

A la sortie de l'aéroport, j'ai été happée, enveloppée, transportée par les parfums, les couleurs, la chaleur. Je n'ai pas eu assez de mes yeux et de chaque respiration pour m'emplir de souvenirs. Je n'aurais pas assez de mots pour exprimer ce que j'ai ressenti.
J'ai goûté au poulet boucané, aux accras de légumes, de morue, au chatrou, à la canne à sucre, au jus de tamarin, aux fruits de la passion (tous les matins au peti déj'), aux prunes de Cythère. Tout m'a plu en Martinique. Même ce qui est moche m'a plu. Et malheureusement des endroits défigurés par les carcasses de bagnoles abandonnées et des plages jonchées de détritus...ben il y en a!! Dommage avec un capital pareil. Une des choses qui dépaysent évidemment c'est la végétation luxuriante. Les cocotiers, les palmiers, l'arbre du voyageur, les tamarins...

Les différentes plages côté Atlantique ou Caraïbes, plage du Diamant où je suis passée à la lessiveuse (petite frayeur quand même) ou les fonds blancs, mer translucide et poissons exotiques. Les sables...blanc, noir, granuleux ou comme du talc...

Les bananeraies (les bananes sont enveloppées dans des sacs plastiques bleus troués afin d'accélerer la maturation), les champs de canne à sucre à la chaleur suave étouffante, la pointe de la caravelle et son phare, les talbis (coquillages roses impressionnants et très bons en feuilletés!), les marinas ou les villages de pêcheur cachés dans une anse, les randonnées à pied ou en kayak (pagayer en mer ça crève!! surtout mon frère car moi je suis nulle!! Et en désespoir de cause, il m'a demandé d'admirer le paysage!!). Et toujours en musique.....

Mon séjour c'est la couleur des fleurs, des maisons, des tissus, le goût des épices, le fumet du poulet boucané. La surprise de voir les milliers de crabes qui se cachent dans le sable, les lézards, les mangoustes et le colibri au vol merveilleux. Tellement fascinée que je ne l'ai pas photographié!

C'est aussi des visages, le sourire des femmes sur les marchés le rhum (le planteur, le ti'punch, le scrub à l'orange), la maison du bagnard et le site dédié aux esclaves. Je n'ai pas eu le temps de visiter le Nord de la Martinique ni même Fort de France. C'est une île où circuler peut prendre beaucoup de temps de par la densité du trafic et la géographie (lacets et côtes). Les cimetières m'ont étonnée par leurs tombes carrelées de blanc et son information sur l'éradication des moustiques à leur entrée. On meurt encore de la dingue. Les enfants sont l'objet de beaucoup d'attentions. Certaines mamans m'ont arrêtée alors que j'étais avec Vianney et nous avons discuté simplement. Au marché ou dans les boutiques, on lui a toujours offert un petit quelque chose.

J'ai eu du mal à réaliser que j'étais en France. Regarder le journal télévisé (il passe à 20h comme en métropole, seulement en métropole il est 1h du matin!) ne me parlait quasiment pas. Et je me disais que si j'étais née ici, j'aurais bien du mal à me sentir concernée par ce qui se passe en France! Evidemment en tant que vacancière la vie me parait idyllique. Seulement à travers le regard de mon frère, j'ai pris conscience qu'une partie de la population vivait dans la précarité. 30% seulement de la population travaille, la violence, les bagarres, le crack, les affaires de moeurs...le département a un des taux les plus élevés...en tant que gendarme il est loin de se tourner les pouces.

J'ai aimé discuté avec ce pêcheur qui nettoyait sur un rocher la pieuvre péchée, avec la dame du marché qui m'a offert de la vanille, avec ces métropolitains installés depuis 20 ans en Martinique et cet homme qui m'a coupé une noix de coco sur la plage pour que je me désaltère. J'ai aimé la musique, la nonchalance parfois, les levers très matinaux (la vie démarre dès 6h à cause de la chaleur). J'ai peu dormi à vrai dire puisque les premières nuits j'avais l'esprit happé par le chant des animaux nocturnes. Incroyable ces hululements, crissements, petits cris ou coassements. J'ai aimé la pluie chaude, tombée drue sur mes épaules presque sensuelle. Vous l'entendez arriver comme un chuchotement puis de plus en fort comme si elle se mettait à foncer sur vous. Elle vous éclabousse le temps de quelques minutes et continue sa route. Il fait parfois gris ou nuit noire quand ça arrive, ce qui surprend voire inquiète un peu. Et parfois même il fait beau, vous êtes sur la plage et vous trouvez ses gouttes bienfaisantes. Il faut dire que c'est le début de la saison chaude. Et j'ai adoré regarder de la terrasse de mon frère, voir le soleil se lever. Comme si j'étais seule au monde et surtout très loin de mes soucis qui depuis, m'ont vite rattrappée!!